Œuvres abordées

1997 : Roussel, Schmitt

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affiche 1997

Albert Roussel, Psaume 80

Roussel est d'abord parti du texte anglais de la Bible anglicane et a réalisé en second lieu une adaptation française selon la traduction de L.Segond. La composition du psaume date de 1928. Conçu comme un cri d'appel et de détresse, d'une violence presque barbare, dès les premières mesures de l'allegro initial, ce psaume, bien que d'une seule coulée, peut se décomposer en 4 parties que l'on a rapprochées des 4 mouvements d'une symphonie: allegro, andante, scherzo et final.

L'œuvre s'ouvre sur un appel des cors auquel répond la supplication du chœur scandée avec une extrême violence, puis un choral, qui va revenir plusieurs fois par la suite et conclura l'œuvre.

Avec l'adagio, l'atmosphère se détend. Sur des arabesques des violons, le ténor soliste narre l'histoire du peuple hébreu comparé à une vigne arrachée d'Egypte et plantée par Dieu dans la terre promise d'où il a chassé les nations. C'est une des inventions les plus merveilleuses de la partition: les voix du chœur décrivent en vocalises de plus en plus multiples et enchevêtrées, d'abord sous la voix soliste, puis à découvert, la croissance et l'extension de la vigne qui a 'rempli la terre'.

Après une césure, un brusque changement de climat s'opère. De nouveau, c'est la récrimination du peuple qui s'exprime en un scherzo véhément et douloureux. Le rythme se casse et le soliste décrit l'état lamentable dans lequel git la vigne d'Israel pour laquelle Dieu avait pris tant de soin. Les syncopes, les frottements, la véhémence tant du chœur, qui reprend des phrases du soliste, que de l'orchestre expriment à merveille la consternation du peuple abandonné.

C'est alors l'allegro deciso final qui ramène d'abord un élément très rythmé, traduisant la certitude des fidèles et accompagnant les imprécations sur les ennemis. Le mouvement s'apaise bientôt et c'est sur un chœur a capella, juste ponctué par les pizzicati des cordes graves que l'œuvre s'achève, ramenant le thème du choral, repris avec une infinie douceur.

Florent Schmitt, Psaume 47


Le psaume 47, composé en 1904 lors du séjour de Schmitt à la Villa Medicis après son prix de Rome, est formé de trois parties enchaînées, vif-lent-vif, la troisième étant une version abrégée de la première.

Trois éléments structurent la première section: le décor brillant de l'orchestre, le choral porteur de prière et le style fugué.

L'œuvre s'ouvre sur une éclatante fanfare et puis suit un passage martelé qui introduit une sorte de danse sacrée au rythme déhanché à 5/4, où les temps sont marqués par les triangles, les cymbales et les pizzicati des cordes.

Au début de la deuxième partie le contraste est total. Le chant de reconnaissance du peuple hébreu s'exhale dans un abandon presque lascif, sur des sonorités atténuées. La souplesse ondulante du thème chromatique du violon solo, le dessin mélodique du chant de la soprano soliste, la subtilité des couleurs de l'orchestre avec les harpes, les cors et les bassons qui entourent le soprano, la tonalité elle-même, tout concourt à créer une atmosphère chaleureuse et ardente qui se veut subtilement orientale. Le dialogue ardent entre la soliste et les instruments, avec les choeurs à l'arrière-plan, résonne comme une litanie passionnée, gagnant peu à peu en intensité par la qualité technique du développement ce qu'il perd en séduction. La féerie orientale se dissipe pour laisser place à une vaste progression sur les paroles 'Dieu est monté' chanté sur un motif qui est le renversement mélodique du 'Gloire au Seigneur' initial.

Commentaire de B.Lespinard Dictionnaire des oeuvres de l'Art Vocal Marc Honnegger/ Paul Prevost

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